LA REEDUCATION POST OPERATOIRE (PAR DIDT) DU LCA

La première visite du kinésithérapeute se fait le soir même de l’intervention, le patient étant souvent opéré « en ambulatoire »; la rééducation va donc ainsi débuter « en douceur » et, point primordial, SANS DOULEUR.

*PENDANT L’HOSPITALISATION

Qu’il s’agisse d’un KJ ou d’un DIDT, le patient peut généralement  faire son « premier lever » le soir même de l’intervention, juste avant la sortie, guidé par le kinésithérapeute, qui lui indiquera comment utiliser correctement ses béquilles, comment  » dérouler le pas « , etc.…

Pour marcher, le patient devra attaquer le sol du talon et dérouler le pas jusqu’au gros orteil, en poussant sur ses béquilles au moment de la pose du pied au sol.

En progression, au bout de quelques jours, le patient pourra marcher avec une seule canne, celle du COTE NON OPERE .

didtmarche

Le plus souvent, les gens peuvent marcher sans cannes dans leur chambre (et même dans les couloirs), ainsi que monter et descendre des escaliers dés la  sortie de la clinique.

Après de telles interventions, il est toujours nécessaire de procéder à un réveil musculaire, portant essentiellement sur le quadriceps, muscle antérieur de la cuisse qui doit le plus vite possible être « opérationnel » pour bien contrôler l’extension du genou .

Le kinésithérapeute fera exécuter au patient un exercice ultra-classique: le verrouillage du genou.
Cet exercice, dit aussi de l' »écrase-coussin » est primordial car il permet de réaliser des co-contractions quadriceps-ischios-jambiers visant à stimuler ces muscles tout en protégeant la plastie.

On demande pour ce faire au patient d’écraser le coussin tout en appuyant sur son talon, sans le décoller du lit et en tirant le bout du pied vers soi. 

Ainsi, le patient sera capable de contracter efficacement la cuisse,  afin de contrôler le genou opéré pendant la marche.

 

 

On sollicitera également très vite la flexion du genou, sans toutefois dépasser les 90° .Le patient va donc avec ses propres mains réaliser une flexion « auto passive« , ce qui lui évitera de plier activement son genou en contractant les muscles ischio-jambiers, (aux dépens desquels on a prélevé le greffon lors d’un DIDT ) et qu’il convient donc de laisser cicatriser 3 semaines…
Vous pouvez constater sur ces clichés la discrétion des cicatrices…

 
 

Dès le début, le kinésithérapeute prodigue au patient des conseils, destinés surtout à éviter un gonflement du genou opéré, et donc un surcroit de douleurs .

   *  ne pas piétiner, c’est à dire rester debout immobile trop longtemps,
   *  surélever la jambe en position assise,
   *  appliquer régulièrement de la glace sur le genou.

Ces habitudes, permettant d’éviter douleurs et œdème, seront conservées à la sortie de la clinique, au moins jusqu’à la première visite post-opératoire.

*APRES LA SORTIE DE LA CLINIQUE

Voici un protocole « classique » de rééducation post DIDT…

* De la sortie jusqu’à la 3° semaine post-opératoire

Après avoir « réveillé » le quadriceps, (levé de « sidération »on le fera travailler en co-contraction avec les ischios-jambiers .
Travail statique des haubans.

Mobilisation douce manuelle et sur arthromoteur : 0° à 70°

 

Electro stimulation pour prévenir l’amyotrophie.

 

Le travail proprioceptif se fait en décharge.
On veillera également à ce que le patient récupère une marche de plus en plus « fluide », sans boiter..

Il est primordial de respecter des étapes, car dans un premier temps, la greffe passe par une phase de fragilité relative, (entre 2° et 4° mois), puis secondairement, elle  va acquérir sa solidité définitive, à partir du quatrième mois.

Le greffon, au départ d’origine tendineuse va progressivement se modifier d’un point de vue de sa structure cellulaire, et se mettre à acquérir une structure ligamentaire.

la fonction crée donc l’organe !  Ce processus s’appelle la LIGAMENTISATION, qui se finalise en un an.

* De la 3° semaine à un mois et demi post-opératoire

Il faut impérativement retrouver une marche normale et des amplitudes correctes (de 0° à 120°), et abandonner progressivement les cannes anglaises. il s’agit de restaurer la stabilité.

Massage et soins péris cicatriciels.

On cherche à gagner en flexion, en extension (lutter en priorité contre le flexum, c’est à dire la difficulté à tendre parfaitement le genou.

Il faut insister sur le renforcement des muscles ischios-jambiers, véritables protecteurs de la plastie, sans oublier les muscles du mollet (triceps) et le quadriceps.
Les modes de travail musculaire sont rigoureusement déterminés en fonction de leur incidence sur le « nouveau ligament » ( chaines fermées, ouverte … voir la page « renforcement musculaire« ), ce qui impose au kinésithérapeute une connaissance précise des contraintes imposées au transplant par les exercices proposés. 

Le travail en chaine fermée permet d’effectuer des co-contractions quadriceps-ischios-jambiers, ce qui neutralise l’action néfaste en tiroir antérieur du quadriceps…

Ne jamais faire travailler le quadriceps en chaine ouverte (extension du genou avec un poids au bout du pied !!!

Travail des ischios-jambiers en statique et concentrique, avec résistances dosées et travail statique des haubans (genou fléchi, debout).

Travail de la marche, éventuellement sur tapis roulant.

Proprioceptivité (travail de l’équilibre) en décharge, par exemple essayer de stabiliser un skate board assis, puis progressivement en charge .

Travail de la montée-descente des escaliers ( il faut 90° de flexion pour monter, 110° de flexion pour descendre ).
Montée des marches: quadriceps et ischios en chaîne fermée.
Descente des marches: quadriceps en excentrique (freinage).


Le vélo de rééducation est initié dés que la flexion du genou atteint 110° (en roue libre), à environ un mois.

Il faut pouvoir à un mois et demi monter et descendre les escaliers normalement.

Exercices: squats sur deux jambes en descendant modérément, faire le pont sur deux jambes allongé sur le dos…

 

* De un mois et demi à 4 mois.

Renforcement 4 faces du membre inférieur.et début de travail excentrique des ischios-jambiers (puissance, réactivité, toutes techniques)…

Travail du quadriceps: statique (ex chaise), dynamique excentrique …

Pont sur une jambe (sur le dos), penché avant jambe arrière tendue (dead lift) pour les ischios .

Fentes avant.

Mini-squats sur deux jambes, avec réception sur chaise.

Travail de la flexion debout sur une jambe (doit être acquit au 3° mois).

Renforcement des mollets, en montant sur la pointe des pieds puis sur un pied…

On commence la presse, au début du 2° mois, en augmentant progressivement la résistance ( entre -10° et 80°, pour diminuer également les contraintes fémoro-patellaires )… Il s’agit d’un travail concentrique chaîne fermée du quadriceps.

Début de natation (sans palmes) au 2° mois.

Travail de la proprioceptivité au trampoline, plateau instable (avec contrôle du kinésithérapeute).

Début de pliométrie ( on effectue des alternances étirements-raccourcissements du muscle en sautant d’un pied sur l’autre.).

Réentrainement à l’effort (vélo, stepper…). On vise la reprise des sports en ligne à partir du 2° mois (natation, vélo…).

Entre 3° et 4° mois, on fait l’apprentissage des sauts à pieds joints, sur un pied, squat sur une jambe…

* Du 4° au 6° mois: phase de réathlétisation.

Footing,en fin de 3° mois/début du 4° (bien sûr, selon l’état du genou).

Ça y est, le néo-ligament voit sa résistance augmenter, on débutera donc un travail d’endurance, de musculation plus intensive (puissance)…

On continue la presse, le rameur…

Squats, fentes avant, pliométrie…

Travail dynamique avec course et sauts .et changements de direction…

Footing avec accélérations, natation ( crawl avec palmes), vélo…

On travaille dés le 5° mois les changements de direction, à condition d’avoir obtenu une bonne récupération musculaire: sauts latéraux, sur un pied…

On peut alors également démarrer la musculation isocinétique (Cybex).

A cette phase, il s’agira également de lever les inhibitions psychologiques inhérentes à cette interruption sportive…

 

*La reprise du sport (6° mois)

On aura bien entendu poursuivi une musculation intensive (quadriceps, ischios-jambiers, fessiers, triceps) et un réentrainement proprioceptif ciblés…

Exemples: Squats, sur deux puis un pied.

Nordic hamstrings: talons fixés, position à genoux, descendre en freinant le plus possible, puis se rattraper sur les mains en position de pompes. 

 

On peut alors commencer la reprise prudente du sport, avec travail du geste sportif, pivots, pas chassés, course en zigzag…
C’est alors le moment de pratiquer un test isocinétique, afin de déterminer les modalités de reprise sportive (important pour les pros!).

 

*Début du réentrainement sportif vers le 6/8° mois.

.Environ 6 mois pour un sport en ligne (vélo, course,  natation…) et 7 mois pour un sport en pivot (ski, tennis, escrime, danse…).

.Reprise des sports pivot- contact (football, arts martiaux, boxe…) entre 7 et 9 mois.

*Reprise de la compétition en général un mois et demi/deux mois après le début du réentrainement (selon le type de sport).

   

Il faut noter que la majorité des patients reprennent le sport après un didt, en général au bout de 10 mois/un an, après avoir fait l’objet d’un ensemble d’examens: clinique, mesure de force, tests neuro-musculaires type Hop test et jump test

Exemple: Single-leg hop for distance:

Depuis la position de départ sur le pied côté sain, le sujet doit réaliser un saut vers l’avant aussi long que possible et se réceptionner sur le membre inférieur opéré.
La distance réalisée est mesurée, et la position doit être maintenue durant 2 secondes
pour que le test soit validé.

.

Notons que  ces délais, théoriques, sont souvent battus en brèche par des patients sportifs très motivés, la volonté et la constance jouant toujours un grand rôle dans cette récupération . J’ajoute qu’il existe des protocoles accélérés, destinés aux sportifs professionnels (Shelbourne) qui remettent, selon des critères stricts, les sujets sur le terrain entre 4 et 6 (!) mois (avec éventuellement une orthèse stabilisatrice).

Laissez-vous guider par votre chirurgien, votre médecin du sport et votre kinésithérapeute… Il vous conseilleront précisément  quant aux délais raisonnables pour la reprise des différentes activités sportives.

 

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